Mercredi 07/01/2015
Exact, j’ai écrit une
date. J’ai besoin de me situer afin d’ordonner mon esprit qui subit les
distorsions du temps. En plus nous n’avons pas, toi et moi, la même échelle
temps. Je dirais même plus, je ne suis pas certain que le temps existe pour
toi. Par contre pour nous, il s’étire, s’étire. Les minutes deviennent des
heures, les jours des mois…puis par une cabriole dont seul le temps est capable
et il se rétracte et les heures deviennent des minutes. Seules les heures
rétrécissent, les jours sont toujours aussi longs et lourds.
Il y une semaine
j’apprenais la nouvelle de ton accident. J’allais écrire de ton décès. J’étais
sur Avel Vat. Je le convoyais du Havre à Fécamp. Le soleil était là, le vent
était là, les falaises étaient là et Avel vat s’éclatait comme un malade :
nous étions au portant. Juste après Etretat, le téléphone a sonné. J’ai
décroché et la vie s’est arrêtée. Que ma vie, Avel Vat continuait d’avancer
surement dans le but de me ramener afin que je m’occupe de toi.
Tu connais mon
altruisme. Je n’ai pas pu garder la nouvelle trente secondes. Je l’ai aussitôt
partagé avec ta mère dont la vie s’est arrêtée. Rassure-toi, nous sommes
toujours présents. Ninon, Louise, Antonin nous ordonnent de rester droit dans
nos baskets et d’assurer le quotidien. Juste entre nous, tu ne le répètes pas,
dès qu’ils ne nous regardent plus, nous marchons de travers.
J’en reviens à nos
moutons qu’Avel Vat fendait de sa proue. J’ai appris la nouvelle lorsque je
naviguais. Cela faisait aux moins plus de deux ans que je n’avais pas couvert
une telle distance. Cela faisait six mois que tu me tannais pour qu’on reparte
ensemble tous les deux. Et depuis notre voyage au Portugal qui initialement
était les Antilles, tu me serinais que pour atteindre un point en voilier, je
devais viser beaucoup plus loin
- Ne trouves-tu pas
incroyable que ton accident survienne à ce moment ? Comme tu l’avais prévu
je ne suis pas arrivé à Fécamp. Non ! Seul, une partie de mon Moi y est
arrivée. L’autre restera à jamais figé devant les falaises d’Etretat.
Cinq minutes après cette photo, le téléphone sonnait |
Lundi dernier j’ai
récupéré ta sœur qui étouffait dans la salle de cours. Je l’ai ramenée à sa
mère et je suis parti en formation. J’y suis resté deux heures, ensuite je me
suis réfugié chez Jean auprès de ta mère et de Ninon.
Antonin a expliqué à
la nounou que tu étais malade et que tu dormais pour guérir. Ceci est une
traduction approximative de son langage. Il a traduit ce que j’avais expliqué à
Louise : tu avais eu un accident et que tu dormais pour guérir.
Le hic, nous le
taisons aux enfants, est que si tu guéris, de quel façon guériras-tu ?
Comme je l’ai écrit précédemment, le fait que tu lises ce texte nous conviendra
peut-être. Mais est-ce que toi, cela te conviendra ? Là est la question.
Voilà la vie suit son
cour. Je n’ai qu’une envie, c’est d’être près de toi. Mais tes sœurs et ton
frère ont besoin de leur père et Ninon de sa maman. Et oui mon fils, vous
n’avez pas la même mère.
J’ai envie de raconter
des inepties, mais l’envie disparaît dès que j’approche les doigts du clavier.
Tant que le clavier ne se barre pas, nous pouvons constater que tout va bien.
Comprendras-tu, aimeras-tu toujours mes délires verbaux semblables à la bave du
crapaud qui tente désespérément de toucher la blanche colombe ? Ne les
considéreras-tu pas comme une attaque personnelle contre tes séquelles si tu en
as. Je me pose des millions de questions et mes vielles mains arthritiques
n’ont pas la vivacité et la virtuosité d’une secrétaire de direction trilingue
pour les retranscrire. J’aurais préféré écrire pianiste, cela aurait été plus
classe, mais je ne suis pas certain qu’un pianiste prenne du plaisir à jouer
sur un clavier Azerty, dont le son est aussi pur qu’un pet de chasse d’eau.
Bisous
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